Les Saisons de Rosalie et autres délices
Il fut un temps où elles étaient considérées comme un produit de luxe. Aujourd’hui, elles riment avec « plaisir » et font pâlir d’envie quand elles prennent des noms à rallonge qui vous mettent l’eau à la bouche…. Incursion dans la vie de Rosalie.
Voir Venise et mourir
On ne peut mourir sans avoir vu Venise, certes, mais je crois qu’on ne peut mourir sans avoir croisé un jour la « Douceur du désert au gingembre confit », quoiqu’elle rivalise avec la « Banane et fruits de la passion au poivre de Jamaïque»!
Les mots sont déjà une invitation à fermer les yeux et à laisser la sublime cuillère de confiture investir votre palais, séjourner sur votre langue, là, avec ces petits goûts si particuliers et si excitants de pains d’épice, de chocolat noir, d’eau de rose à la fois uniques et emblématiques.
Le programme élaboré par le maître confiturier Philippe Bruneton, aux commandes des chaudrons et à qui a été discerné le titre de « Meilleur Confiturier de France » est simple : « On ne fait du bon qu’avec du très bon ». C’est la raison pour laquelle il n’utilise que des fruits frais de la région, bien gorgés de soleil et mûrs à point, et une méthode artisanale traditionnelle qui respecte les textures, les goûts et la teinte des fruits utilisés à 60 pour cent dans la composition des pots.
Sentir l’âme de Rosalie
Ne cherchez pas Rosalie. D’elle, il ne reste que ce nom délicieusement désuet. Mais elle incarne l’image bien française de la grand-mère qui fait des confitures. Dans un charmant petit village fleuri du parc naturel régional du Pilat, à Longes, la propriété familiale a ouvert ses portes à un nouveau projet : celui de la petite fille, Marie-Françoise Bonnard, et de Philippe Bruneton. Les deux partenaires partagent un projet de vie : travailler à la campagne, sur un produit gastronomique, la confiture, et lui redonner ses lettres de noblesse pour en faire à nouveau un produit noble, de grande qualité. Une fois que vous aurez goûté les pots à même la cuillère comme des gourmets, vous pourrez les incorporer dans des plats : la confiture « Cerises noires au géranium odorant » accompagne les fromages tels la rigotte de Condrieu ou la tome de chèvre ; la « Figues violettes de Solliès » relèvera votre foie gras ou votre magret de canard. Et la « Douceur du Désert, crème de dattes BIO Deglet Nour d’Algérie » au nom prédestiné s’exportera avec délice dans nos contrées du Moyen- Orient…
Partager le plaisir de la découverte
Mais ce n’est pas tout : si Philippe passe beaucoup de son temps derrière les chaudrons en cuivre qui fleurent bon le fruit, Marie-Françoise laisse libre cours à sa passion pour les jardins et votre visite gustative se transformera en jeu de piste dans le « Jardin des Mésanges » où petits fruits rouges et baies poussent avec bonheur. Conçu pour expliquer comment les goûts découverts dans les pots de confiture proviennent d’arbustes et de plantes, ce parcours vous fera passer par diverses chambres de verdure ayant chacune un thème différent. Sur le modèle des jardins du Moyen-âge, « l’Allée des Princesses » abritée par une treille et entourée de rosiers de clématites, vous livrera ses secrets. Pour agrémenter le parcours, vous devrez répondre à des questions. Par exemple, faisait-on pousser les plantes aphrodisiaques dans les monastères ? Non ? Pourtant, elles entrent dans la composition des confitures en même temps que dans celle des filtres d’amour ! De la « Chambre des Sorcières » à la « Terrasse » où vous découvrirez la surprenante plante Curry, vous passerez à « l’Allée des Petits Fruits » qui cache fraises des bois, framboises « jaunes », groseilles à grappe blanche, muroises, baies d’Aronia, cassissiers, amélanchiers…
En définitive, même si vous n’aviez pas l’intention de vous rendre dans cette région Rhône-Alpes durant votre prochain séjour en France, une journée aux Saisons de Rosalie pourrait marquer vos papilles tout autant qu’éveiller votre curiosité pour les jardins. Après tout, la maison n’est située qu’à 50 km de Lyon…
Cette présentation d’une maison de tradition dont Clothilde Monat est l’auteur, a été publiée en mai 2012.